Lors du mardi 2 mars a eu lieu une table ronde concernant le rapatriement des enfants et des femmes ayant rejoint le Djihad.

La lutte contre le terrorisme nécessite une mise en œuvre de certaines mesures afin de s’en protéger. Pour cela, il est indispensable que les gouvernements agissent et mettent en place des lois permettant de garantie le droit à la vie de leurs citoyens. Cependant il n’est pas aisé d’instaurer de telles mesures ayant pour but d’agir avant même que l’action terroriste ait eu lieu, car en effet il tend à s’éloigner du principe de l’État de droit.

L’attitude de rejet des européens à l’égard d’un retour des femmes djihadistes ainsi que de leurs enfants est guidée par des différents facteurs. 

Le premier relève de la catégorisation de ces êtres humains comme étant des « autres ». Ainsi de la différence et de l’altérité se créent entre les différents individus.

Le deuxième facteur est celui de la valorisation de soi. En effet, la dévalorisation d’un groupe traduit en réalité une volonté de se valoriser soi-même. Cela passe donc par des préjugés, des attitudes négatives ainsi que des discriminations.

Le troisième facteur est celui du modèle assimilationniste qui consiste à prendre des valeurs cultures du pays dans lequel on s’installer. La « diversité » commençant à gagner de plus en plus de terrain au sein de l’Europe elle est tout de même perçue comme étant dangereuse pour l’homogénéité fédérale et européenne. Cela se voit encore plus auprès des personnes s’identifiant fortement à un groupe tels les patriotes. 

Il est important de noter que l’effet d’homogénéité/homogénéisation conduit à un rejet collectif. Il est vrai que les personnes faisant des choix relatifs au groupe auquel elles appartiennent, soit le choix individuel de partir faire leur djihad par exemple, se voient être fortement rejetées par les autres. Ainsi être une femme, un homme ou encore un enfant au sein d’un groupe homogène tel que les djihadistes importe peu, car ce qui compte c’est qu’ils menacent les valeurs du groupe de « l’occident ».

En ce qui concerne les enfants, l’art. 39 de la Convention des droits de l’enfant prévoit l’obligation de réintégrer les enfants ayant subi les conséquences des conflits armés. Si le traitement des personnes majeures se fait avec peu, voire même aucune tolérance, de la part des autorités suisses il en va différemment pour les mineurs. La volonté que les personnes soient jugées sur place, soit en Syrie, où bien souvent les conditions ne le permettent pas au point de ne prendre aucune décision concernant leur situation, ne saurait s’appliquer aux enfants au regard de la garantie du respect des droits humains et de la convention des droits de l’enfant.

Il y a ainsi une ambivalence forte, même si la voie de la punition et de la sanction pour lutter contre l’impunité du terrorisme est présente, il ne faut pas négliger qu’il existe également des voies de réintégration, impliquant une aide psychologique et sociale qui est d’autant plus forte pour les enfants.

Se pose également des questions la situation des enfants djihadistes. Sont-ils des bombes à retardement ? ou alors le problème vient-il du manque de moyens pour les réintégrer ?

Les autorités européennes se voient confrontées à la difficulté de déterminer la condition de vie de ces enfants au sein de l’EI et de leurs camps. Les seules vidéos d’enfants diffusées par l’EI consistant à montrer ceux-ci en train de tuer des gens, à effectuer des exercices conduisent plutôt à favoriser une crainte pour les autorités européennes. C’est d’ailleurs l’objectif même de cette propagande.

Il existe peu d’informations concernant les enfants djihadistes. Toutefois, il est important de relever que l’isolement de l’individu joue un rôle important d’autant plus pendant la période d’influençabilité. Il est clair que nos opinions sont influencées par le groupe auquel nous appartenons. Des enfants uniquement exposés à un seul type d’opinion seront beaucoup plus fermés à de nouvelles idéologies, d’où le fait qu’il faille les isoler et les couper de leur famille ou de toute autre source qui permettrait d’avoir une vision différente. Comme mentionné, la périoded’influençabilité est également déterminante. Certaines périodes sont plus sensibles et critiques quant à la formation d’opinion et l’intégration de valeurs. L’influence idéologique est plus importante chez des enfants qui sont plus « vulnérables » tandis que l’opinion politique se forme chez des adultes entre 20 et 25 ans.

Ainsi plus tôt ces enfants seront sortis de ces milieux, plus les autorités auront de chance de les intégrer, notamment par l’accompagnementéducatif.

Concernant les femmes qui rejoignent l’EI, des études menés ont révélé qu’elles n’étaient pas toutes des « suiveuses » de leur mari. 

Ainsi laisser ces familles « croupir » dans les camps permet de créer un motif de ressentiment envers l’Europe en le tenant pour responsable de l’immense souffrance que ces personnes subissent.

Au vu de tout cela, la Suisse n’est pas prête à recevoir les enfants djihadistes, lesquels vivent des conditions de vie extrêmement difficile et inédites face auxquelles les professionnels suisses ne sont pas encore aptes à gérer. Elle se voit néanmoins contrainte d’obligations de moyen tendant à représenter les enfants en justice et cela en instaurant une possible curatelle de représentation qui permet de saisir les autorités fédérales pour une possibilité de retour.

La Suisse a ainsi dû mettre en œuvre des directives en instaurant également des conséquences pénales, des moyens de réadaptation ainsi que de réinsertion. Vu la complexité de la question, chaque situation doit évidemment être traitée au cas par cas.